Connexions. Raconter l’espoir

23 avril 2022 - 25 septembre 2022

L’exposition au Palazzo Blu, du samedi 23 avril au dimanche 25 septembre, organisée par Giorgio Bacci, présente une sélection de dessins originaux, ainsi que des photographies et des vidéos, issus des volumes Lamiere, Salvezza et storiemigranti, publiés par Feltrinelli Comics entre 2018 et 2019.


Le voyage commence en Afrique, dans un des bidonvilles de Nairobi, Deep Sea Village, avec les dessins originaux de Lamiere, fruit d’une collaboration entre l’illustrateur Lucio Ruvidotti et les écrivains/journalistes Danilo Deninotti et Giorgio Fontana. Ce livre est un ouvrage de journalisme graphique d’une grande finesse, qui présente au lecteur des travailleurs humanitaires et des enfants “faits” de colle, des infirmières et des enfants séropositifs depuis leur naissance, mais qui laisse également entrevoir l’espoir d’une renaissance. Le trait graphique acéré, les couleurs vives et parfois frappées d’hallucinations, mettent en évidence une des particularités techniques de l’artiste, alliant encre et numérique.

La deuxième étape, sorte de Passage du Milieu tragique et contemporain, est la traversée de la Méditerranée décrite
dans Salvezza: l’illustrateur Lelio Bonaccorso, en 2017, avec le journaliste Marco Rizzo, auteur du scénario, embarque sur Aquarius, et documente à l’aide de crayons, de caméras et de séquences vidéo, les activités de sauvetage menées par le navire en pleine mer. Les résultats de l’enquête sont publiés dans un ouvrage (on parle encore de journalisme graphique) d’une grande force émotionnelle et d’une grande qualité graphique. Le lecteur suit les aventures de l’équipage et découvre en même temps les histoires des migrants sauvés en mer, fuyant la guerre et le désespoir.

En suivant une série d’associations thématiques et iconographiques, les regards désespérés de Salvezza deviennent les visages chargés de mémoire des hommes et des femmes de storiemigranti (histoires de migrants) nés de la collaboration entre le dessinateur
Sio et le photographe Nicola Bernardi. Trente-deux migrants, introduits chacun par un photo-portrait qui provoque une confrontation directe avec le spectateur, racontent des histoires de toutes sortes, allant du tragique au comique. Sorte de haïku japonais où coexistent quotidien et surréalité, comme si une banale “normalité” était désormais inaccessible, les récits créent une fresque complexe aux multiples facettes, où les rêves côtoient les cauchemars et les souvenirs terrifiants.

L’exposition dans son ensemble permet au visiteur d’aborder des questions délicates d’actualité à travers le regard sensible d’artistes et de photographes hautement qualifiés, qui interagissent avec des thèmes clés de l’histoire et de l’art. Dans l’exposition, on peut également observer la variété des techniques utilisées par les illustrateurs contemporains (de l’aquarelle au numérique), et étudier l’ensemble du processus artistique, en pouvant admirer non seulement les planches originales (ou les tirages issus du traitement numérique, comme dans le cas de Sio), mais aussi le matériel préparatoire, composé de carnets, de photographies et de dessins.